jeudi 24 novembre 2011

Les arts, acteurs et témoins de l'histoire du Moyen Age à la Renaissance

I - La Renaissance



La Naissance de Vénus, œuvre de Sandro Boticelli, 1485, Galerie des Offices, Florence.
1 - Ce tableau figure à la Galerie des Offices à Florence. Il montre la naissance d'une déesse. Le peintre prit comme modèle une femme de la haute société florentine considérée comme la plus belle femme de son temps. Malheureusement, celle-ci mourut d'une pneumonie à 22 ans.

L'adoration des Mages, oeuvre de Sandro Boticelli, 1475, Galerie des Offices, Florence.
2 - Ce tableau exposé à la Galerie des Offices à Florence montre l'épisode qui suit la Nativité du Christ (déjà évoqué par Giotto en 1304). Le peintre n'a pas hésité à montrer plusieurs personnalités célèbres de son temps : presque toute la famille Médicis, ainsi que des humanistes italiens. L'homme au manteau marron, à gauche du tableau, qui regarde le public est le peintre lui-même, Sandro Boticelli, qui s'est ainsi représenté.
Les deux mages agenouillés devant la Vierge sont Cosme de Médicis (chamarre rouge) et son fils, Pierre à sa droite. Debout, en manteau noir, Julien de Médicis qui sera tué durant la Conjuration des Pazzi en 1478.

De l'autre côté du tableau, le jeune Laurent de Médicis,dit le Magnifique (neveu de Cosme), pourpoint rouge, une épée droite les jambes. A ses côtés, Boticelli a représenté deux humanistes: Politien et Pic de la Mirandole.

Léonard de Vinci, La Cène, L'Ultima Cena, 1494-1498, Santa Maria delle Grazie, Milan.

3 - Œuvre peinte sur un mur du couvent Santa Maria delle Grazie à Milan. La peinture représente le dernier repas partagé par Jésus et ses disciples avant sa capture et sa mort. Il montre précisément le moment où Jésus déclare : « l'un de vous va me trahir ». Le peintre dépeint la consternation que cette déclaration a causé à l'ensemble des douze disciples de Jésus. Cette fresque a été réalisée entre 1494 et 1498. Le peintre reprend une innovation apparue au milieu du Quattrocento, avec Andrea del Castagno ou Domenico Ghirlandaio : la perspective de la fresque prolonge la salle réelle du réfectoire par le trompe-l’œil du plafond à caissons, d'ouvertures au fond de la salle, et des murs latéraux recouverts de tapisseries et percés de portes. A la droite du Christ, Pierre, Jean et surtout Judas qui tient sa bourse. Autre innovation ici, Judas n'est pas placé à l'écart du groupe, ruminant son remord.

Détail du tableau: au premier plan, Juda touchant la bourse contenant l'argent de sa trahison (les fameux trente deniers ou trente pièces d'argent. Selon les numismates, c'était peu cher payé. Du latin, denarius, le denier était l’une des monnaies de base de l’Empire romain. Il avait cours dans la majeure partie de l’Europe, la totalité de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient et s’est perpétué jusqu’au Moyen-âge dans les Royaumes d’occident et dans de nombreux états arabes sous le nom de dinar. Cette pièce d’argent a été créée en 212 av J.-C. pour financer la deuxième guerre punique qui opposa Rome et Carthage. Dans le système monétaire bimétallique mis en place à cette époque, le denier qui titre 950 ‰ d’argent côtoyait le monnayage en bronze plus classique. A sa création, il pesait 4,51 grammes mais l’inflation monétaire aidant, il fut dévalué vers 140 avant J-C et ne pèsait plus alors que 3,96 grammes d’argent. Si l'on se réfère à la valeur de l'argent en décembre 2011 Judas aurait trahi pour la somme de 85 euros (à 0,72 euros le gramme d'argent - renseignement pris sur le site L'or et l'argent - cliquez ici-). Bien sûr, ce calcul n'a aucun intérêt car la valeur de l'argent ou d'une monnaie doit être fixé par rapport au coût de la vie, c'est-à-dire des prix de l'époque. A cette époque, un légionnaire romain gagnait 500 deniers par an, soit un salaire mensuel de 41 deniers, ce qui était considéré comme un bon salaire. Judas a donc trahi le Christ pour l'équivalent de trois semaines d'un salaire de légionnaire. Cela ne lui profita guère si l'on en croit l'Evangile de Saint-Mathieu: « pris de remords, il se pendit peu après sa trahison non sans avoir rendu leurs 30 pièces d'argent à ses commanditaires », Matthieu 27(5). Il laissa à la postérité un nom symbole de trahison. Judas désigna Jésus aux gardes en embrassant sa main. Depuis, l'expression « baiser de Judas »désigne aujourd'hui un baiser de traître).

Léonard de Vinci, La Joconde, Musée du Louvre, Paris. Tableau réalisé entre 1503 et 1506.

4 - Faut-il encore la présenter?
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Raphaël, Autoportrait, vers 1504-1506, Galerie des Offices, Florence.

5 - Cet autoportrait de 1506 est celui d'un jeune génie de la peinture, l'un des plus grand peintres de la Renaissance. Autant sa vie fut éphémère (il meurt à 37 ans en pleine gloire), autant sa renommée est éternelle. Le tableau figure dans la galerie des Offices à Florence.

Raphaël, La Belle Jardinière ou La Vierge à l'Enfant avec le petit saint Jean-Baptiste, 1505-1506, Musée du Louvre, Paris.
6 - Au XVIIIe siècle, on vit dans cette Vierge à l'enfant une "jardinière". Ce tableau figure au Louvre.

Léonard de Vinci, Saint-Jean-Baptiste, vers 1513-1516, Musée du Louvre, Paris.

7 - Ce tableau représente Saint-Jean-Baptiste. Le vernis utilisé par le peintre s'est noirci ce qui renforce le contraste ombre/lumière ou clair/obscur. Le tableau figure au Louvre. Saint-Jean Baptiste était le fils d'Elisabeth, cousine de Marie. Il était apparenté à Jésus qu'il baptisa dans les eaux du Jourdain. Il fut arrêté sur ordre d'Hérode, tétrarque de Galilée, et décapité à la demande de Salomé, fille d'Hérode, car Saint-Jean Baptiste avait dénoncé l'immoralité de la mère de Salomé, Hérodiade, devenue l'épouse d'Hérode Antipas. Ici le peintre ne traite pas le thème privilégié par les autres artistes, la tête de Saint-Jean Baptiste apporté à Salomé sur un plateau. Ce tableau serait, selon les spécialistes, le dernier tableau de Léonard de Vinci. Il l'aurait peint lors de son second séjour romain à partir de 1513. Il l'aurait ensuite apporté en France lorsqu'il rejoint François Ier à sa demande en 1516. On sait que, alors âgé de 64 ans, Léonard de Vinci traversa les Alpes à dos de mulet, apportant avec lui trois de ses toiles majeures : Saint Jean Baptiste, La Vierge, l'Enfant Jésus et sainte Anne et, bien sûr, La Joconde.

Hans Holbein le Jeune, Les Ambassadeurs, National Gallery, Londres.

8 - Ce tableau exposé à la National Gallery de Londres montre deux diplomates. Il correspond à la vogue du portrait qui s'épanouit à la Renaissance. Le tableau multiplie les références et les objets symboliques.
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Andrea Palladio, Villa Barbaro, vers 1555.

9 - Quel est l’architecte italien qui a réalisé la villa Barbaro à Vincence?. C'est Andrea Palladio (1508-1580). C'est un ancien palais complètement réaménagée par l'architecte Palladio. Les dépendances agricoles ont été rattachées à la maison du maître. L'entrée fait penser à un temple grec: large fronton et tympan sculpté, architrave, colonne ioniques et pronaos. Les fenêtres ont des frontons curviligne et triangulaires superposés. L'intérieur de la villa est décoré de fresques de Paolo Veronese et de sculptures d'Alessandro Vittoria.

La Renaissance est liée à la redécouverte des artistes et des savants de l'Antiquité par les humanistes et les artistes des XVe et XVIe siècles.

Léonard de Vinci, L'homme de Vitruve, dessin à la plume, encre et lavis sur papier, intitulé Étude de proportions du corps humain selon Vitruve, réalisé vers 1492.

10 - Quel architecte antique (et romain) a inspiré Palladio ? Il a écrit De Architectura qui a beaucoup inspiré les architectes de la Renaissance.Il s'agit de l'architecte romain Vitruve qui vécut au dernier siècle de la République romaine (entre -90 et - 20). Léonard de Vinci a repris la théorie des proportions de Vitruve en 1492 pour faire son célèbre homme de Vitruve. Ce dessin montre les proportions humaines inscrites dans un cercle et un carré, et cette perfection voulue par la nature doit être reprise par l'architecture, selon Vitruve.

II - Des personnages illustres du programme de 5°

Desiderius Erasmus, peinture de Hans Holbein le Jeune, 1523, Musée du Louvre, Paris.

- Erasme (Desiderius Erasmus) : c’est un humaniste qui a vécu de 1469 à 1536. Il est né à Rotterdam. Il est l’auteur de beaucoup d’ouvrages dont l’Eloge de la Folie écrit en 1509. Il a écrit une nouvelle version grecque de la Bible, ce qui a déplut à l’Eglise. Il exprime les idées et les valeurs de l’humanisme : amour du savoir, confiance en l’homme et tolérance. Il vécut dans de nombreux pays d’Europe. Son nom a inspiré un programme de l’Union Européenne qui permet aux étudiants européens d’étudier dans un autre pays de l’Union Européenne : le programme Erasmus.

Le Mansa Moussa sur un atlas catalan du XIVe siècle, BNF, Paris
- Le mansa Moussa : ce roi qui régna entre 1312 et 1337 vraisemblablement, est le souverain plus célèbre de l’empire du Mali. Le mansa ("roi des rois") Kanta Moussa a fait un pèlerinage en 1324 à La Mecque car il était musulman. Il a laissé un souvenir extraordinaire aux chroniqueurs arabes par son faste tant il distribua son or. Mais il nous rappelle que l’esclavage était aussi très présent puisque le mansa Moussa était entouré de milliers d’esclaves. Son successeur, Mansa Souleymane, recevra en 1353 à Gao un voyageur et géographe arabe très connu : Ibn Battuta.

Jules Bastien-Lepage, Jeanne d'Arc, 1879, Metropolitan Museum of Art, New York.

- Jeanne d'Arc : cette jeune paysanne de Lorraine est la fille d’un riche laboureur. La France subit alors, à la fois, les assauts anglais et ceux de leur allié bourguignon. Le roi de France est Charles VII (date de règne : 1422-1461) et il ne règne que sur une petite partie de son territoire. Jeanne d'Arc aurait entendu les voix de saints ainsi que celle de l'archange Saint-Michel, lui demandant de bouter l’ennemi anglais hors du royaume. Elle a 16 ans en 1428 quand elle prend la route de Bourges, alors capitale du roi de France. Après sa rencontre avec Charles VII, elle libère Orléans en 1429 après de rudes combats, fait sacrer le roi à Reims quelques semaines plus tard mais elle est capturée à Compiègne (1430). Elle est exécutée sur le bûcher par les Anglais en 1431 à Rouen, après qu’un tribunal ecclésiastique, aux ordre des Anglais la déclare « relapse » (retombée dans l’hérésie). Réhabilitée en 1456, canonisée en 1920 par l’Eglise, elle a inspiré de nombreux films.

- Renée Falconetti dans La Passion de Jeanne d'Arc de Carl Dreyer (1928).
- Ingrid Bergman dans Jeanne d'Arc (Joan of Arc) de Victor Fleming en 1948 puis dans Jeanne au bûcher de Roberto Rossellini en 1954.

- Jean Seberg. dans Sainte Jeanne (Saint Joan) d'Otto Preminger en 1957.

- Florence Delay dans le Procès de Jeanne d'Arc de Robert Bresson en 1962.

- Sandrine Bonnaire dans Jeanne la Pucelle, de Jacques Rivette en 1994.

- Milla Jovovitch dans Jeanne d'Arc de Luc Besson en 1999.

- Clemence Poesy dans Jeanne captive de Philippe Ramos en 2011.


III - Les premiers Capétiens
Jean-Paul Laurens, L’Excommunication de Robert le Pieux, 1875, musée d'Orsay, Paris.
- Sous le règne de Robert II le Pieux (996-1031) , peu après « l’an mil », on brûle des hérétiques, c’est-à-dire des chrétiens dont la croyance et les pratiques sont jugés contraires à celles de l’Eglise catholiques. Robert le Pieux lui-même se verra menacé d'excommunication par le pape pour avoir répudié son épouse légitime et voulut convoler en juste noce avec sa maîtresse Berthe. Il devra céder et rejeter sa maîtresse pour éviter l'excommunication (le tableau de Jean Paul Laurens serait donc historiquement faux).

- Sous le règne de Henri Ier (1031-1060) , l’Eglise tente d’imposer aux seigneurs la paix de Dieu (interdiction de s’en prendre aux biens d’église, aux clercs et aux moines, aux femmes et aux marchands) et la trêve de Dieu (interdiction de faire la guerre durant les périodes de fêtes religieuses). En voulant limiter la guerre, l’Eglise tente de mettre les chevaliers au service de la religion. La cérémonie qui transforme un écuyer en chevalier, appelé l’adoubement comprend un serment de défendre l’Eglise.

- Sous le règne de Philippe Ier (1060-1108), les chevaliers iront combattre dans les guerres saintes appelées croisades. La première est prêchée par le pape Urbain II au concile de Clermont et elle entraînera la prise de Jérusalem et l'établissement de "royaumes latins" en sur la côte méditerranéenne du Liban et de la Palestine. Philippe Ier ne participe pas à la croisade car il a été excommunié pour avoir répudié son épouse et s'être remarié sans le consentement papal. Depuis la réforme grégorienne animée par l'intransigeant Grégoire VII (pape de 1073 à 1085). Le pape Urbain II n'est guère plus souple. Au concile de Clermont, il renouvelle la condamnation de Philippe Ier prononcée par l'évêque Hugues de Lyon. L'essentiel du règne de ce roi consiste à lutter contre ses grands vassaux comme le duc de Normandie, Guillaume le Conquérant.

IV - Les débuts de l’islam
Grande Mosquée du Prophète (Al-Masjid Al-Nabawi) à Médine.
Après la mort du prophète Muhammad, le pouvoir revient au calife. Calife vient de khalifa en arabe qui signifie :successeur. Voici les quatre califes qui ont succédé au prophète Muhammad. Découvrez l’évènement qui s’est déroulé sous leur règne.

- Abu Bakr (632-634) : première rédaction du livre sacré de l’islam, le Coran , jusque là appris de mémoire par les compagnons du prophète Muhammad.

- Oman (634- 644) : ce calife crée l'ère de l'hégire, nouveau calendrier musulman, dont il fixa la date au 16 juillet 622, premier jour de l'hégire qui désigne le départ du prophète Muhammad et de ses compagnons de La Mecque vers l'oasis de Yathrib, ancien nom de Médine. Sous le règne d'Oman sont conquises la Syrie, la Mésopotamie, la Perse, la Palestine et l’Egypte.

- Othmann (644-656). Sous son règne, on fixe définitivement le texte du Coran.

- Ali (656-661) : il est le gendre du prophète Muhammad car il a épousé sa fille Fatima. Après son assassinat, en 661, Ali sera particulièrement vénéré par les chiites qui rejettent les califes qui succèdent à Ali. Ils font de Ali, le premier Imâm, personnes choisies dans la famille du prophète, qui est leur guide spirituel. En cela, il s’oppose aux sunnites.

V - La place de l’Eglise.
Les symboles des Évangélistes entourant le Christ en majesté sur le tympan de la cathédrale d'Arles Saint-Trophime.Les quatre évangélistes ont rédigé l’histoire de Jésus dans les Evangiles, d'après le mot grec euangélios signifiant « bonne nouvelle ». Ensemble les quatre Evangiles forment formant le Nouveau Testament.

Citez les noms des quatres évangélistes et le symbole attaché à chacun d’eux :

- Mathieu : l'homme. Ce publicain (percepteur d'impôts) quitta tout pour suivre le Christ. IL devint apôtre et écrivit le premier évangile. Il prêcha aux Hébreux, écrivit pour eux son Évangile en araméen, traduit en grec, et mourut martyr en Éthiopie, en 61. Son corps reposerait à Salerne.
- Marc : le lion. Il fut disciple de Pierre et l'un des premiers convertis au christianisme. Il suivit Paul dans ses prédications et mourut martyr en Egypte en 67. Ses reliques, conservées à Alexandrie, dans une petite chapelle, sont volées par deux marchands vénitiens au IXe siècle et déposées à Venise. On construisit pour les abriter la basilique Saint-Marc. Dans un but d'apaisement avec l'Eglise orthodoxe, le pape Paul VI décida, en 1968, de les restituer aux Coptes.
Les reliques de Saint-Marc reposent aujourd'hui sous l'autel de la Cathédrale Saint-Marc au Caire
- Luc : le taureau. Il fut le disciple de Paul qu'il suivit dans ses voyages. Il mourut peut-être en martyr à Rome sur la croix, à moins qu'il n'ait fini sa vie en Macédoine.
- Jean : l'aigle. Il fut apôtre du Christ, assista à sa mort sur le Golgotha. Il vécut longtemps, convertit beaucoup de disciples et disparut sans doute vers 101 à Ephèse.Les quatre Evangiles, selon les spécialistes, auraient été rédigées entre 65 et 110.