mardi 29 novembre 2011

Les arts, acteurs et témoins de l'histoire au XVIIIe siècle

Les arts, acteurs et témoins de l'histoire

I - Voici six tableaux qui recoupent le programme. Saurez-vous retrouver les auteurs en vous aidant des indices qui accompagnent chacun des tableaux.

1 – Le peintre qui a réalisé ce tableau est considéré comme l’initiateur du mouvement rococo qui commence sous la Régence (1715-1723). Il montre des amoureux sur l’île de Cythère. Dans l'Antiquité, l'île de Cythère, située dans les îles grecques de la mer Égée, abritait un temple dédié à Aphrodite, déesse de l'amour : ses eaux auraient vu naître la déesse. L'île représente donc le symbole des plaisirs amoureux. On voit la statue de la déesse, le carquois de flèches du dieu Cupidon au pied de la statue, les petits amours voltigeant dans le ciel, le coquillage sur le bateau symbolisant le lieu de naissance de Vénus. Ce peintre inaugure cette peinture de la fête galante qui caractérisera son œuvre.
C'est Antoine Watteau qui a peint ce tableau, Le pélerinage à l'Ile de Cythère, réalisé en 1717.

2 – Elle est la favorite du roi Louis XV, elle influence toute sa politique entre 1749 et 1763, l’art à la Cour, et protège les écrivains et les artistes. Elle se fait représenter sur ce portrait en compagnie de l’Encyclopédie et de l’Esprit des Lois. Elle était l’amie de Diderot et de Voltaire même si sa relation avec le roi l’obligeait à être prudente dans son soutien. Elle avait les mêmes ennemis que les philosophes des Lumières : le parti dévot qui reprochait la relation adultère du roi et dénonçait les idées des philosophes. Ce tableau achevé en 1755 figure au Louvre.
Il s'agit d'un portrait de Madame de Pompadour, réalisé par Maurice Quentin de la Tour, et achevé en 1755. Ce tableau peut être admiré au musée du Louvre.

3 - Son auteur n’est pas classé dans le courant rococo. Il s’illustre par des natures mortes, des scènes de la vie quotidienne du peuple ou de la petite bourgeoisie que l’on appelle des scènes de genre. Pourtant c’est l’un des peintres les plus célébrés de son temps, Catherine II de Russie et Frédéric II de Prusse lui ont acheté des tableaux. Le tableau représenté ici n’est pas tout à fait une nature morte puisque le chat à droite est bien vivant contrairement à la raie qui est accrochée au mur au centre. C’était le peintre préféré de Diderot (il avait 15 ans lorsqu’il fut achevé). Le tableau est actuellement au Louvre.
Il s'agit du célèbre tableau de Jean Siméon Chardin, La Raie, présenté en 1728 et que l'on peut voir actuellement au musée du Louvre.

4 - Ce peintre fut considéré comme le peintre de l’élégance nobiliaire et des intérieurs rococo. Il montre ici une famille de la noblesse ou de la bourgeoisie, prenant le café, produit de luxe importé avec les navires du commerce triangulaire et qui fit, avec le sucre, la fortune des îles esclavagistes des Antilles. Ce tableau figure au Louvre.
Ce tableau s'appelle Le Déjeuner. Il a été peint par Franois Boucher en 1739 et on peut l'admirer au Louvre.

5 – C’est l'un des tableaux les plus célèbres au monde et il a été reproduit à de multiples exemplaires (peintures, posters). Comme le peintre précédent, son auteur appartient au mouvement rococo (ou rocaille) qui caractérise la peinture française au XVIIIe siècle. Ce courant artistique rejetait les sujets religieux ou politique de la peinture baroque, lui préférant la vie de cour, les portraits des contemporains illustres, les scènes de la vie quotidienne de la haute société, des scènes érotiques ou les sujets mythologiques. Ce tableau de 1772 figure au National Galery of Art à Washington.
Ce merveilleux tableau s'appelle La Liseuse. Il a été peint entre 1770 et 1772 par Jean-Honoré Fragonard et il est exposé à la National Galery of Art de Washington.

6 – Avec ce peintre, c’est le retour au sujet historique, civique et inspiré par l’Antiquité. Pour cela, on appellera le mouvement qu’il incarne, le néoclassicisme. Ce tableau montre un épisode de l’histoire romaine, le combat singulier entre les frères Horace représentant Rome et les frères Curiace représentant Albe. Il montre le serment prêté par les trois frères Horace devant leur père de vaincre ou mourir. C’est un tableau qui exalte les vertus patriotiques, valeurs en hausse quelques années avant la Révolution. Le tableau est au Louvre.
Ce tableau a été peint par Jacques-Louis David en 1786. Il peut être admiré au musée du Louvre.
II - Les peintres refont l’histoire : voici deux grands tableaux qui se veulent des témoignages historiques. Ils mobilisent chacun des dizaines de personnages historiques. Répondez aux questions qui suivent leur description.

Lecture de la tragédie de Voltaire, l’Orphelin de la Chine, dans le salon de Mme Geoffrin en 1755, par Anicet Charles Gabriel Lemonnier, 1812, Château de Malmaison.
1
– Ce tableau représente une soirée chez Madame Geoffrin en 1755, lorsque fut lut pour la première fois en public une pièce de Voltaire, L’Orphelin de la Chine. Il s’agit d’une reconstruction imaginaire car le peintre avait environ 12 ans au moment des faits. Il le réalisa en 1814 à la demande de l’ex-impératrice Joséphine de Beauharnais.
Le peintre a réuni toutes les personnalités célèbres qui auraient pu fréquenter le salon : Diderot, Montesquieu, D’Alembert, Buffon, Marivaux, l’abbé Raynal, Rousseau, Quesnay, etc. Un seul n’est pas présent en chair et en os ce soir-là, selon le peintre. Qui et pourquoi ?
C'est Voltaire, pourtant héros de la soirée, qui n'est pas présent ce soir-là. Il est seuleemnt représenté par son buste. Voltaire vit alors près de Genève depuis qu'il a quitté la cour de Frédéric II à Berlin. Il achètera ensuite le domaine de Ferney, en France mais près de la frontière franco-suisse. Il ne reverra Paris qu'en 1778, quelques semaines avant sa mort.

Le Serment du Jeu de paume, Jacques-Louis David, Dessin préparatoire, 1791, Musée du château de Versailles.
2
– Ce dessin constitue l'esquisse du tableau inacheveé du peintre néoclassique, Jacques-Louis David. Les députés du tiers-état aux états-généraux se sont proclamés Assemblée Nationale le 17 juin. Le 20 juin 1789, trouvant la porte fermée de la Salle des Menus-Plaisirs où se tenaient les états-généraux, ils se réunissent dans la salle du jeu de paume de Versailles. Là, ils prêtent serment de ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution au royaume.
Entourer le nom de ceux qui étaient présents ce jour-là :
David, l’abbé Grégoire, Robespierre, Danton, Bailly, Mirabeau, Guillotin, Condorcet.
L'abbé Grégoire, Robespierre, Bailly, Mirabeau et Guillotin, tous députés du tiers aux états généraux , étaient présents ce jour-là.

Portrait de Mozart par Joseph Lange. C’est un portrait inachevé quand Mozart a environ 26 ans (1782). Musée Mozart de Salzbourg.
III - Saurez-vous complétez ces éléments de la biographie du grand compositeur Wolfgang Amadeus Mozart?
Il est né à Salzbourg en 1756. Avec son père, Léopold, il effectue une tournée en Europe et il rencontre, à Versailles le roi Louis XV , la reine Marie Lesczynska et Madame de Pompadour en décembre 1763. Mozart compose en 1782 pour l’empereur d’Autriche Joseph II L’Enlèvement au sérail. En 1784, il adhère à une société secrète, la franc-maçonnerie. En 1786, Mozart compose un opéra d’après une pièce, pourtant interdite en Autriche, les Noces de Figaro de Beaumarchais. L’empereur Joseph II a permis à Mozart de composer cette pièce mais elle est rapidement retiré de l’affiche malgré le succès. Dans cette pièce, Beaumarchais se sert du monologue du valet Figaro pour attaquer violemment la noblesse : « Qu’avez-vous fait pour tant de biens ? Vous vous êtes donné la peine de naître, et rien de plus... » Mozart, prudemment, avait enlevé les allusions politiques. Mozart compose ensuite Don Giovanni, un opéra inspiré en partie par la mort de son père, Léopold, en 1787. En 1790, Mozart perd son principal soutien avec la mort de l’empereur Joseph II. Son successeur, Léopold II, n’apprécie guère le tempérament frondeur du jeune compositeur. Mozart compose en 1791 sa dernière œuvre, un Requiem (messe des morts) commandé par un inconnu. Mozart n’est pas un auteur maudit, il a du succès, de l’argent mais il dépense encore plus ce qui explique ses dettes et sa condition de pauvreté quand il meurt soudain en 1791, à l'âge de 35 ans.

IV – Quelle est cette famille représentée sur ce tableau peint par Madame Elisabeth-Vigée-Lebrun en 1787 et qui est actuellement au château de Versailles.
Marie-Antoinette :
Elle est reine de France après son mariage avec le dauphin Louis en 1770, devenu Louis XVI en 1774. Ils ont alors 20 et 18 ans. Volontiers frivole et dépensière, elle tombe dans le piège de l’affaire du Collier (1785), qui va la déconsidérer auprès du peuple. Elle est violemment critiquée par la Cour et l’opinion, appelée l’Autrichienne, car elle est la fille de l’empereur François-Joseph Ier et de l’impératrice Marie Thérèse, de la dynastie des Habsbourg. Dès lors, les drames se succèdent : elle perd sa fille , Madame Sophie âgée de 11 mois (le berceau vide dans le tableau) en 1787, son fils, le « petit dauphin » (l’enfant qui montre le berceau vide) âgé de 8 ans, un mois après l’ouverture des états-généraux. Le 5 octobre 1789, la foule fait irruption dans le château de Versailles et ramène le monarque et sa famille à Paris le lendemain. La fuite de la famille royale, interceptée le 21 juin 1791 à Varennes, déclenche la tourmente révolutionnaire. Le 10 août 1792, le château des Tuileries où résidait le roi est pris par les sans-culottes et les fédérés, les gardes du roi (les Suisses) massacrés ou emprisonnés. Louis XVI est déchu de son titre et la famille royale est emprisonnée dans la prison du temple alors que se déchaîne la violence révolutionnaire (massacres de septembre 1792). Le roi, jugé et condamné à mort est guillotinné le 21 janvier 1793. La reine comparaît devant le tribunal révolutionnaire présidé par l’accusateur public Fouquier-Tinville. Elle est condamnée à mort et exécuté le 16 octobre 1793 pour haute trahison. Son dernier fils (reconnu comme Louis XVII par les royalistes et dénommé comme tel dès la Restauration) meurt à l’âge de 10 ans dans des conditions demeurées obscures à Paris en 1795 (c’est l’enfant que tient la reine dans ses bras). Seule survivra Marie-Thérèse-Charlotte. D’abord emprisonnée avec Madame Elisabeth, sœur de Louis XVI (guillotinée en mai 1794), elle sera ensuite échangée contre des prisonniers français aux Autrichiens en décembre 1795. Elle suivra le destin des Bourbons émigrés jusqu’à la Restauration (1815-1830) puis de nouveau exilé après 1830 (Révolution des Trois-Glorieuses) jusqu’à sa mort en 1851 en Autriche. Elle sera inhumée aux côtés des derniers Bourbons dans le monastère de Kostanjevica, dans l’actuelle Slovénie (autrefois en Autriche).