samedi 16 mai 2009

Histoire des femmes en France depuis le XIXe siècle

Chronologie de la condition féminine en France depuis la Révolution Française jusqu'à aujourd'hui.

1791 - Marie Gouze dite Olympe de Gouges rédige la « Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne ». Elle sera guillotinée en 1793.

Olympe de Gouges(1748-1793). Originaire de Montauban, elle "monte à Paris" après la mort de son premier mari et refusera par la suite un nouveau mariage. Femme de lettres, elle écrit des pièces de théâtre sur des sujets de société et sur l'esclavage, dont Zamore et Mirza, ou l’heureux naufrage, en 1785 (devenue en 1792 L'esclavage des Noirs). Cette pièce est un véritable manifeste contre l'esclavage et le "Code Noir" qui sévissait dans les îles française depuis un siècle mais elle n'est pas présentée publiquement. Elle vaudra à Olympe de Gouges un séjour à la Bastille. La Révolution lui permet d'exprimer ses idées libérales et de faire représenter ses pièces. Membre de la société abolitionniste, Les Amis des Noirs, elle poursuit son combat contre l'esclavage. Elle défend des idées politiques qui font d'elle, une partisane de la Monarchie Constitutionnelle. Elle propose des réformes sociales en faveur de l'éducation populaire et contre la pauvreté. En septembre 1791, elle écrit et publie la Déclaration des Droits de la femme et de la citoyenne, sur le modèle de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen avec 17 articles et un préambule (adressée à Marie Antoinette). Olympe de Gouges y défend, non sans ironie à l’égard des préjugés masculins, la cause des femmes, écrivant ainsi que « la femme naît libre et demeure égale en droits à l’homme ». Ainsi se voyait dénoncé le fait que la Révolution oubliait les femmes dans son projet de liberté et d’égalité. Olympe de Gouges , hostile à la peine de mort, n'en revendiquait pas moins l'égalité des droits politiques entre hommes et femmes, avec une formule prophétique alors que la Terreur n'était pas encore à l'ordre du jour: "La femme a le droit de monter sur l'échafaud ; elle doit avoir également celui de monter à la Tribune" (article 10).

Proche de Condorcet et de son épouse, Sophie de Grouchy, elle rejoint les Girondins, au moment où ceux-ci accèdent au pouvoir. Avec eux, elle devint républicaine et s'oppose à la mort de Louis XVI. Le 16 décembre 1792, Olympe de Gouges s’offre pour assister Malesherbes dans la défense du roi devant la Convention, mais sa demande est rejetée avec mépris. Elle obtient de ses amis girondins l'instauration du divorce en 1792. Mais elle dénonce les massacres de septembre 1792 et le danger de dictature avec les Montagnards. Elle s'en prend vigoureusement à Marat et à Robespierre, soupçonnant ce dernier d'aspirer au pouvoir personnel. Elle défend avec courage ses amis Girondins arrêtés à la Convention le 2 juin 1793. Arrêtée en août 1793, elle est condamnée à mort le 2 novembre 1793 par Fouquier-Tinville et guillotinée le lendemain. Jusqu'en 1989, elle est quasiment ignorée par les historiens de la Révolution en France, alors qu'à l'étranger, on s'intéresse à cette figure humaniste de la fin du XVIIIe siècle. Mais en France, la postérité semblait donner raison au Montagnard Chaumette, procureur de la Commune, qui avait justifié son exécution en ses termes: « Rappelez-vous cette virago, cette femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges, qui voulut politiquer et commit des crimes ; tous ces êtres immoraux ont été anéantis sous le fer vengeur des lois ! »S’adressant aux républicaines, Chaumette ajoutait : « Et vous voudriez les imiter ? Non, vous ne sentirez que vous serez dignes d’estime que lorsque vous serez ce que la Nature a voulu que vous fussiez. Nous voulons que les femmes se respectent, c’est pourquoi nous les forcerons à se respecter elles-mêmes. » Il faut attendre les années 1980 et le Bicentenaire de la Révolution pour qu'enfin, on redonne sa juste place à cette courageuse femme de lettre et militante avant l'heure de l'émancipation des femmes.

1804. Le Code civil consacre l’incapacité juridique totale de la femme mariée.
1848. L’instauration du suffrage universel ne concerne que les hommes.
1861 – Après avoir bataillé plusieurs années, l’institutrice Julie Daubié est la première femme autorisée à se présenter au baccalauréat, qu’elle obtient en l’ayant préparé seule.
1875 – Madeleine Brès est la première femme médecin.
1893 – Les femmes obtiennent le droit de vote en Nouvelle Zélande, premier pays à l’accorder aux femmes. Suivent l’Australie en 1902, la Norvège en 1913.
1900 – Jeanne Chauvin, première femme à obtenir le droit d'exercer le métier d'avocat bien que, depuis 8 ans, les femmes peuvent obtenir le diplôme (elle fut la première femme à être docteur en droit en 1897).
1903 – Marie Curie, première femme à obtenir à obtenir le prix Nobel (de physique) avec Pierre Curie et Henri Becquerel. Elle obtiendra un deuxième prix nobel (de chimie) en 1910.

Marie Curie.


1909. Le port du pantalon, pour les femmes, n'est plus un délit à condition qu'elles tiennent à la main un vélo ou un cheval. (Depuis le Directoire, les femmes doivent demander une autorisation.)
1919 – En France, la Chambre des Députés vote en faveur de l’égalité politique des femmes mais le Sénat la rejette en 1922. Pendant ce temps, les femmes obtiennent le droit de vote en Allemagne (1918), aux Etats-Unis (1919), en Grande Bretagne (1919-1928).
1924 – Les programmes de l’enseignement secondaire ainsi que le baccalauréat deviennent identiques pour les filles et les garçons.
1925 – Les députés votent le droit aux votes des femmes et l’éligibilité pour les élections municipales et cantonales- Cela sera repoussé par les sénateurs en 1932!
1932 – Pour la troisième fois, la Chambre des Députés vote en faveur du suffrage intégral des femmes ; le Sénat y est toujours hostile.
1936 - Dans le gouvernement de Front Populaire, les trois premières sous-secrétaires d’Etat sont nommées : Irène Joliot-Curie (Recherche scientifique), Suzanne Brunschvig (Education Nationale), et Suzanne Lacore (Enfance). Comme toutes les femmes de France, elles ne peuvent ni voter, ni être éligible.
1938. Suppression de l’incapacité juridique de la femme mariée. Elle peut avoir une carte d’identité et un passeport, ouvrir un compte en banque, sans l’autorisation de l’époux.
La puissance maritale est supprimée : l’épouse n’est plus tenue au devoir d’obéissance à son mari. Subsistent pour le mari, la fixation du lieu de résidence, la possibilité de s’opposer à l’exercice d’une profession et l’exercice de l’autorité paternelle.
Suppression de l’incapacité civile : les femmes peuvent s’inscrire à l’université sans l’autorisation de leur mari.
1943. Le 14 janvier, 230 femmes résistantes arrêtées par les nazis sont conduits dans le camp d’Auschwitz. A leur entrée dans le camp, elles chantent la Marseillaise (il y aura 49 rescapés).

Charlotte Delbo : Elle est l’une des 49 femmes rescapées de ce convoi et portera, le reste de sa vie, le numéro 31661 tatoué sur le bras (visible sur la photo). Jeune militante communiste, elle épouse George Dudach et devient assistante de Louis Jouvet en 1937. Elle accompagne Jouvet en mai 1941 dans une tournée en Argentine, mais décide d'abandonner la tournée en septembre 1941 pour rejoindre la Résistance. Elle rejoint le réseau de Résistance du philosophe George Politzer qui tombe en février-mars 1942. Son mari est fusillé en mai 1942, comme tous les hommes du Réseau. Incarcérée, Charlotte Delbo est envoyé en déportation ensuite à Auschwitz, par le convoi du 24 janvier 1943, un convoi de 230 femmes dont elle racontera le destin, après la guerre. Envoyée à Ravensbrück parmi un petit groupe de huit, le 7 janvier 1944. Libérée par la Croix-Rouge le 23 avril 1945, elle est rapatriée en France le 23 juin 1945 en passant par la Suède.Elle a écrit des ouvrages comme « Aucun de nous ne reviendra »(1965)


1944 - L'ordonnance du 21 Avril 1944, accorde le droit de vote aux Femmes Françaises, qu'elles exerceront pour la première fois le 20 avril 1945 aux élections municipales.
Les élections municipales le 20 avril 1945: les femmes y votent pour la première fois.
Dès 1900, des députés font des propositions de loi autorisant le vote des femmes, bloquées à chaque fois par le Sénat. De 1919 à 1936, la Chambre des députés se prononce 6 fois pour l'instauration du vote des femmes, tandis que le Sénat n'inscrira jamais ce texte à son ordre du jour. En 1936, le Front Populaire nomme trois femmes sous-secrétaires d'État : Suzanne Lacore, Irène Joliot-Curie et Cécile Brunschvicg. Mais comme toutes les femmes de France, aucune n’a le droit de vote ou d’éligibilité En 1942, le Général de Gaulle déclare qu'« une fois l'ennemi chassé du territoire, tous les hommes et toutes les femmes de chez nous éliront l'Assemblée nationale ». C'est donc le 21 avril 1944 que le Gouvernement provisoire de la République française accorde aux femmes le droit de vote. Dans les faits, il ne sera effectif que le 29 avril 1945 pour les élections municipales puis en octobre pour les élections à l'Assemblée constituante.

1946 Le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes dans tous les domaines est désormais inscrit dans le préambule de la Constitution.
– Première élections législatives : 39 femmes sont élues à l’Assemblée Nationale. Le nombre de femmes députés baisse par la suite. Le nombre de 39 femmes n’est dépassé qu’en 1997.
1946. Première station de métro qui reçoit le nom d’une femme : Vallier devient Louise Michel.

1947. Mme Germaine Poinso-Chapuis est la première femme ministre. Elle occupe le ministère de la Santé publique et de la population.
1947. Première femme admise à l’ENA (école créée en 1945 avec un statut mixte).
1959-1963. mise en place de la mixité filles/garçons dans l’enseignement secondaire.
1961. Marcelle Claverie devient la première femme conducteur d’autobus sur la ligne 49.
1965. Disparition de la tutelle maritale : les femmes peuvent exercer une activité professionnelle sans l’accord de leur mari.
Pour la première fois, le nombre de bachelières est supérieur au nombre de bacheliers.
1967. Loi Neuwirth : légalisation de la contraception.
1969.
Golda Meir devient premier ministre d’Israël : c’est la première femme chef de gouvernement dans le monde
1970.
La notion d’autorité parentale remplace celle de « chef de famille ». Les époux assurent ensemble la direction morale et matérielle de la famille.
Fondation du MLF (Mouvement de libération des femmes).
1972. Le principe de l'égalité de rémunération entre les femmes et les hommes est inscrit dans la loi.
L’École polytechnique devient mixte : huit femmes sont reçues et l’une d’entre elles (Anne Chopinet) sera major de promotion.

Anne Chopinet, lors du défilé du 14 juillet 1973. Elle est la porte-drapeau des élèves de l'école polytechnique. L'entrée des femmes à Polytechnique est d'emblée un coup de maître puisque Anne Chopinet est major de promotion.




1974: Arlette Laguiller, première femme candidate à l'élection présidentielle (pour le parti d'extrême-gauche, Lutte Ouvrière).
1975. La loi Veil autorise l'interruption volontaire de grossesse (IVG) ; il est remboursé par la Sécurité Sociale en 1982.
Loi dépénalisant l’adultère et instaurant le divorce par consentement mutuel.
Première femme commissaire de police.
L’ONU crée la journée internationale de la femme.
1976.
Première femme accédant au grade de général dans l’armée.
Les femmes peuvent devenir Pompiers.
1977. Premières femmes élèves à l’école d’officier de l’armée de terre de Saint-Cyr Coëtquidan
Les femmes peuvent devenir Gardiennes de la paix.
1982. Première femme présentant le journal de 20 heures à la télévision (Christine Ockrent sur Antenne 2).
2000. Loi sur la parité politique, relative à l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives.
2003. Fondation du mouvement « Ni Putes, Ni Soumises » qui lutte contre les violences faites aux femmes (après l’assassinat de Sohanne, 17 ans, en octobre 2002, à Vitry-sur-Seine).

"Marche des femmes des quartiers pour l'égalité et contre les ghettos" en février-mars 2003 qui précède la création de "Ni Pute, Ni Soumise".


2007. Ségolène Royal, candidate du parti socialiste, est la première femme à participer au second tour de l'élection présidentielle.
Affiche officielle de campagne de Ségolène Royal.
2007: Elections législatives: les femmes représentent 40% des candidates et 18,5% des élus.
La parité est plus respectée dans les petites partis où les femmes ont peu de chances d'être élues députés.
Graphique : % des femmes aux élections législatives (source: INSEE).
2008: les femmes représentent 22% des élus du Sénat après un renouvellement partiel de la haute chambre.